Préludes:
Dans un village isolé près de la Côte Verdoyante.
« - Un pas après l’autre, un pas après l’autre.. »
Le guerrier avait beau se répéter ces paroles, le village ne lui paraissait pas plus près. Le bras droit ensanglanté qui pendait sans force, et le bras gauche tenant son sabre, servant alors d’appui pour continuer la marche, il doutait sur sa capacité à terminer sa route. Les blessures qui surplombaient son corps entier montraient bien que son combat avait été l’un des plus rudes de sa vie. Mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était la blessure sur le flanc gauche de son ventre, qui noircissait de manière suspecte. Alors à une centaine de mètres du village, le guerrier blanc finit par s’écrouler au sol, incapable de continuer sa route plus longtemps.
Quand Rose rentrait du bois avec son panier de noix, elle ne se doutait pas tomber sur un homme proche de la mort. La première chose qui la frappa, quand elle l’aperçut, étendu au sol, ce n’était ni ses blessures, ni son armure, mais la blancheur éclatante de ses cheveux. Une blancheur qui semblait presque irréaliste, mystique. Il avait tout l’air d’être mort, pourtant, son poing continuait de serrer la poignée de son sabre. C’est comme si, lui et son arme, étaient connectés. Et pendant un bref instant, Rose crut voit une énergie lumineuse, un éclair fluide, se transmettre entre l’arme et son possesseur.
Quelques jours plus tard, le guerrier, alors recueilli chez Rose, finit par se réveiller. Le médecin du village n’avait jamais vu quelqu’un se remettre aussi vite de ses blessures, jusqu’à le soupçonner d’être un démon déguisé en homme. Des doutes encore plus pesant avec cette sombre blessure qui elle, bien qu’elle se refermait, continuait de colorer les contours de la plaie de taches obscures. Rose se moquait bien de ces rumeurs, et au fil des semaines, la relation qui s’installa entre le guerrier et la villageoise se transforma rapidement en une histoire d’amour. Le guerrier, toujours en convalescence, trouva un travail de menuisier chez le frère de Rose, et ils vécurent ensemble pendant plus de deux ans. Ils ne parlèrent jamais vraiment du passé du guerrier. Quant au sabre, il resta enfermé dans une armoire sécurisée, et ne fut jamais ressortie pendant ces deux années.
Néanmoins, la vie n’étant pas un long fleuve tranquille, tout n’allait pas pour le mieux. La blessure du guerrier l’assombrissait de jour en jour, et bien qu’il luttait contre cette force étrange qui le poussait vers la noirceur, il finit par devoir prendre une mesure qui le brisait définitivement. Un soir d’hiver, il prépara son sac, et retrouva Rose qui préparait un ragout dans la cuisine. Quand elle se retourna et l’aperçut, affaires de voyage en main, les yeux larmoyants, elle comprit : Le guerrier s’en allait.
Rose : « Tu t’en vas. »
Le guerrier : « Je m’en vais, en effet. Elle devient trop dur à contrôler. »
Rose : « Je comprends. Néanmoins, je tenais à t’informer que nous allons avoir un enfant. »
Le guerrier observa Rose, partagé entre joie et tristesse, entre soulagement et crainte, entre lumière et noirceur.
Le guerrier : « Donne lui mon sabre quand il aura l’âge de le tenir. C’est la seule chose brillante, avec mon amour pour toi, qu'il reste de moi. Néanmoins, ce sabre se transforme avec celui qui le possède. Fais en sorte qu’il devienne un homme bon.»
Sur ces mots, le guerrier s’en alla, laissant Rose dans sa solitude.
Neuf mois plus tard, Nezraël vint au monde, les cheveux de la blancheur de son père, et les yeux d’un rouge qui attira sur lui la crainte de tout le village. L’enfant grandit sans rien connaître de qui était son père, n’ayant que pour seul héritage de sa part sa chevelure, et son vieux sabre.
Sujet: Nezraël, fils du guerrier blanc. 
Mer 17 Fév - 16:41
